L’HISTOIRE DE BARON
par Philippe Papet

Les gros œuvres de l’église paroissiale datent des XIIème et XIIIème siècles ; cependant l’édifice a été profondément remanié aux XVème (clocher) et XVIème siècles (portail sud).

Rendue prestigieuse par le passage de Jeanne d’Arc en 1429 et par l’inclusion dans le choeur des boiseries venues de l’abbaye de Chaalis, l’église a été classée monument historique en 1859. De taille imposante, elle surprend par sa situation sur un parvis nettement surélevé, disposition assez rare dans le Valois.

Le site de Baron, tôt humanisé, a été mis en valeur dès l’époque gallo-romaine, à proximité de la cité d’Augustomagus (Senlis).

Au Moyen-âge, le bourg est devenu suffisamment important pour être fortifié comme l’attestent certains noms de rues actuelles ; l’essentiel des propriétés est alors ecclésiastique (Chapitre de Senlis, abbaye de la Victoire, Dames de Chelles). La céréaliculture domine, laissant peu de place à la vigne et à l’élevage. Les Anthonis, originaires des Flandres, sont seigneurs de Baron ; leurs armes « d’or au chevron de gueules, accompagnées au chef de deux coquilles et en pointe d’un sanglier de sable », sont visibles sur la façade de la mairie.

La période XVème – XVIIIème constitue une évolution lente marquée à plusieurs reprises par des fléaux comme des fièvres mortelles.

A la fin de l’ancien régime, Baron se caractérise par une certaine aisance : on passe d’une propriété ecclésiastique à une propriété bourgeoise et paysanne. Le nom de Baron, jugé trop aristocratique, sera pour un temps débaptisé en Bar sur Nonette. La commune est alors composée de demeures aisées, de fermes en pierres de Ducy ou de Levignen, de maisons en moellons de grès et de calcaire siliceux, abandonnant le chaume pour des toits en tuile. Une partie de la population (journaliers et moissonneurs) reste cependant très pauvre.

Sous la restauration, Baron comprend des commerces et des artisanats, un officier de santé et un notaire. Ses terres étaient parmi les plus chères du Valois. Les fermes sont pourvoyeuses d’emplois.

Au XIXème apparaissent les premières cressonnières. L’enseignement se développe : la moitié de la population sait lire, écrire et compter ce qui est remarquable pour l’époque.

Peu touchée par la guerre de 1870, Baron est, au commencement du XXème siècle, un bourg prospère : 800 habitants, une vingtaine de corporations dont des couturières, un poissonnier, un perruquier coiffeur, un tailleur, un tonnelier, un mécanicien.., 11 exploitations agricoles ainsi qu’une fabrique de sucre. A nouveau, cette prospérité se manifeste par un embellissement de l’église qui se voit doter d’orgues, détruites lors de la seconde guerre mondiale.

Les deux conflits mondiaux du XXème siècle ont marqué Baron dans sa pierre et dans son sang. Aujourd’hui, Baron a réussi à conserver ce caractère qui lui est propre malgré l’avènement des moyens de communications.

Le XIXème siècle apporta quelques évolutions significatives : l’alphabétisation progresse notablement grâce à la loi Guizot de 1833, les premières cressonnières sont aménagées vers 1840, le tissu social se densifie (commerçants, artisans, médecin, notaire). On compte à la fin du siècle près de 800 habitants, travaillant pour l’essentiel dans les onze fermes, dans les diverses activités de maraîchage ou à la fabrique de sucre.

La guerre de 1870 a peu affecté le bourg, préservé de l’occupation prussienne par une nouvelle épidémie de variole.

En revanche, la guerre de 1914-1918 va toucher le village. Les troupes allemandes arrivent à Baron le 3 septembre 1914. Le compositeur Albéric Magnard fait feu sur elles depuis son manoir des Fontaines ; il est abattu dans sa demeure, laquelle sera incendiée… Il s’en fallut de peu que tout le village subisse le même sort. Deux jours plus tard, l’offensive française sur la Marne allait repousser le front jusqu’au nord est du département. L’Oise sera en revanche durablement occupée entre 1940 et 1944.

Baron a conservé jusqu’aujourd’hui beaucoup de ses aspects d’autrefois… forte tradition agricole, notamment céréalière, maintien de services de proximité, et surtout heureuse conservation de son caractère et de son aspect de village de « ce vieux Valois, là où, pendant plus de mille ans a battu le coeur de la France » (Gérard de Nerval).

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